Exception à la règle.
Ces femmes
aux professions inhabituelles
« Ce n'est pas un métier de femme »: une phrase familière? Trop familière pour beaucoup d'entre nous. Comme si elle fixait des limites de ce qu'une femme pouvait faire et ce à quoi elle ne devait même pas songer. La plupart des petites filles, des jeunes femmes et des femmes se résignent: c'est ainsi. Mais certaines vont jusqu'au bout, vers le bonheur, vers le travail de leur rêve, vers la véritable liberté. Nous avons tous des choses à apprendre de leur exemple.

Dans ce dossier « Exception à la règle. Ces femmes aux professions inhabituelles » on retrouve une forgeronne, une joueuse de football américain, une inspectrice des bateaux de plaisance, une jockey, une chauffeuse routière, une boxeuse et bien d'autres. Toutes sont des femmes qui suivent leur propre chemin sans s'arrêter devant des obstacles illusoires.


Evguenia Markova
Chauffeuse routière
Evguenia Markova sait briser les stéréotypes et choisir son propre chemin.
En témoigne son métier: chauffeuse routière.
Premier stéréotype
Les garçons aiment les voitures,
pour les filles ce sont simplement des appareils ménagers.
Evguenia Markova, chauffeuse routière
© Sputnik / Alexeï Koudenko
Mais non!
« Les voitures m'intéressaient depuis l'enfance, se souvient Evguenia. J'aimais beaucoup rouler avec mon grand-père et mon beau-père. Et même si j'ai passé le permis à seulement 23 ans, j'ai voulu travailler précisément avec la conduite. »

Mais elle a mis du temps à y parvenir. En arrivant au centre de formation, Evguenia voulait suivre une formation de chauffeur militaire. Ce qui lui a
été refusé car ce n'était prétendument « pas un métier pour les femmes » - qui plus est il figurait dans la liste des métiers interdits aux femmes en Russie. Bref, il a fallu remettre son rêve à plus tard. Mais en aucun cas l'abandonner.

Deuxième stéréotype
Les chauffeurs routiers sont des gens incultes
qui ne comprennent rien sauf leur véhicule.
Evguenia Markova, chauffeuse routière
© Sputnik / Alexeï Koudenko
Encore faux: Evguenia a obtenu deux diplômes. Les deux à l'université de géodésie et de cartographie de Moscou. L'un dans la protection de l'information, et le second dans l'administration. Après l'université, elle a partiqué plusieurs métiers plus ou moins liés à l'informatique.

Elle travaillait mais n'oubliait pas son rêve de poids lourd. « Car seulement une personne qui fait ce qu'elle aime peut être vraiment heureuse », rit Evguenia.

Elle a passé son permis poids lourd mais ne disposait pas immédiatement d'un budget suffisant pour acheter un grand poids lourd – il a fallu se contenter d'un camion. Puis un ami a dit à Evguenia que la compagnie de transport et d'expédition Dentro recrutait des femmes. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour prendre une décision…

L'effondrement du troisième stéréotype
Les compagnies de transport ne recrutent pas les femmes.
Evguenia Markova, chauffeuse routière
© Sputnik / Alexeï Koudenko
Aujourd'hui Evguenia pilote un Scania de 20 tonnes pour effectuer des courts et des longs trajets. Pour l'instant, sa destination la plus lointaine a été la ville d'Omsk, à pratiquement 3 000 km de Moscou. Trois autres femmes travaillent dans cette compagnie.

Souvent on demande aussi comment réparer le véhicule sur le trajet, changer une roue, etc., dit Evguenia. En réalité, en cas de pépin pendant un long trajet les chauffeurs routiers hommes aideront toujours leur collègue féminine non seulement en prêtant une clef, mais également en faisant les réparations eux-mêmes.


Elena Sobol
Boxeuse
Quand le sport occupe une place importante dans votre vie pendant l'enfance, il est fort probable qu'à un moment donné il devienne plus qu'un loisir - même si ce sport est la boxe, qui n'est généralement pas associé aux femmes.
« En fait, pendant l'enfance, je pratiquais le volley au niveau professionnel, sourit Elena Sobol. Mais à l'époque déjà la boxe ne m'était pas étrangère. Pendant les entraînements de volley, l'entraîneur nous montrait certains éléments de boxe. »
Elena Sobol, boxeuse
© Sputnik / Ramil Sitdikov
« Puis l'histoire classique: j'ai décidé de quitter le grand sport au profit d'une "éducation normale". La faculté de journalisme à l'université Lomonossov de Moscou, le travail dans les agences de presse… », raconte-t-elle.

Le profil s'est constitué de lui-même : le monde du grand sport était familier à Elena.

La boxe faisait partie de ses disciplines favorites : c'est toujours une dynamique, un drame et un sujet.



« Même si les études et le travail dans les agences ne me permettaient pas d'accorder beaucoup de temps au sport, à un moment donné j'ai senti que j'étais faite pour ça. Et j'ai commencé à m'entraîner. Il y a environ 2 ans et demi je suis entrée à l'Académie de la boxe », se souvient Elena.
« Chaque sport est une recherche de soi, et dans la boxe je me suis retrouvée complètement différente. La boxe est un sport individuel qui forme le caractère, c'est l'art de la défense et une bonne école de la vie », affirme Elena.
Anastasia Zadiran
Jockey
Peu diront aujourd'hui que le sport hippique n'est pas une affaire de femme. C'est plutôt le contraire: les filles sont généralement plus nombreuses que les garçons dans les écoles d'équitation - mais c'est seulement vrai au niveau des amateurs. Ensuite commence ce qu'on appelle le plafond de verre.
Anastasia Zadiran, jockey
© Sputnik / Ilya Pitalev
En particulier, dans le monde entier, on est très réticent à engager des jeunes femmes pour devenir jockey. Les raisons se cachent probablement dans le traditionalisme extrême du sport hippique: un cavalier professionnel est un guerrier. Les filles – passez votre chemin.

C'est pourquoi celles qui veulent devenir des professionnelles doivent briser les traditions. La jockey Anastasia Zadiran en fait partie, qui pratique l'équitation depuis son enfance et en a fait l'affaire de sa vie.

« J'ai toujours adoré les chevaux, autant que je m'en souvienne, même si pendant l'enfance j'en voyais seulement au cinéma et sur les photos. A 15 ans j'ai réussi à convaincre mes parents de me laisser travailler dans une écurie pendant les vacances d'été. Ils pensaient que je serais déçue, mais ça a été tout le contraire! »
Anastasia Zadiran, jockey
© Sputnik / Ilya Pitalev
Arrivée à 15 ans dans le service de course de l'hippodrome de Barnaoul en tant que fille d'écurie, à 16 ans Anastasia était déjà jockey. A 17 ans elle a déménagé à Piatigorsk à l'école de jockeys, mais il n'y avait pas de recrutement cette année-là et Anastasia est restée pour travailler comme assistante de jockey à l'usine hippique de Stavropol.

Seulement deux ans plus tard, en 2004, Anastasia est arrivée à Moscou pour participer aux courses de pur-sang anglais de la même usine en tant que deuxième jockey.

« Ce métier est constamment confronté à une attitude négative car tu es une jeune femme, alors que dans le monde il y a très peu de femmes jockeys, dit Anastasia. Il faut avouer que si j'étais un homme, je connaîtrais beaucoup plus de réussite. »
Anastasia Zadiran, jockey
© Sputnik / Ilya Pitalev
Anastasia a dû percer le « plafond de verre » à l'étranger également, où elle s'était installée avec son mari (lui aussi jockey et entraîneur) et son fils pendant plusieurs années et où la situation n'était pas facile non plus. Mais elle continuait de participer, de gagner, et a obtenu la qualification d'entraîneur. Elle a travaillé sur les meilleurs champs de course du pays et a remporté plusieurs prix prestigieux aussi bien en Russie qu'à l'étranger.
«Mes parents ont déjà oublié qu'ils essayaient de me dissuader», - rit Anastasia. - «Cela fait longtemps qu'ils ne doutent plus de moi et en sont fiers. En fait, le sport hippique, c'est pour la vie. A terme je deviendrai entraîneuse de chevaux de course. Et j'espère que bientôt tout le monde prendra conscience du fait qu'une femme en selle est tout à fait normal.»
Natalia Zabelina
Forgeronne
En des temps reculés, dans chaque village, le forgeron était un homme à la fois important, dangereux et mystérieux - le travail avec le feu, la possibilité de fabriquer une épée ou une charrue, des clients en permanence ne serait-ce que pour ferrer les chevaux... Dans l'ensemble, rien n'a changé depuis: un forgeron reste aujourd'hui un homme mystérieux et respecté. Mais quand le forgeron est une femme – n'est-ce pas un miracle?
« Je n'avais pas prévu de devenir forgeronne, raconte Natalia Zabelina. C'était très inattendu. Je suis sortie de l'école et je voulais marquer une pause avant de poursuivre l'athlétisme professionnel. Je comptais devenir entraîneuse plus tard. Mais, par un pur hasard, le destin m'a fait rencontrer le célèbre forgeron de Toula Valeri Koptev. »
Natalia Zabelina, forgeronne
© Sputnik / Ilya Pitalev
A l'époque, Valeri devait participer au salon de l'armement de Paris. Pour mieux présenter son exposition il avait commandé une nappe à la sœur de Natalia. C'est avec cette nappe que les deux sœurs sont parties le voir.

Ni Valeri ni Natalia ne peuvent dire aujourd'hui ce qu'il a pu voir en Natalia, alors âgée de 16 ans, et pourquoi il l'a invitée à travailler dans sa forge. Mais le lendemain elle est effectivement partie travailler à ses côtés. C'était dans les années 1990 et l'art de l'acier de Damas commençait à renaître en Russie. Natalia faisait partie des rares forgerons qui travaillaient dans ce secteur, formée par la méthode « fais comme moi ».

Elle a travaillé chez Valeri pendant trois ans avant de se lancer dans une « carrière solo », qu'elle poursuit à ce jour.

« Pour créer de l'acier de Damas, on utilise des aciers de différente dureté qu'on applique par couches et qu'on soude dans le four entre 800 et 1 300 degrés, explique Natalia. Après cela on place l'objet sous un marteau pneumatique. Après un bain acide, un dessin se formera en fonction de la quantité de couches et du type de métal. Un acier plus dur donnera une couleur plus foncée, un acier plus souple une couleur claire ».
Natalia considère la création d'armes blanches comme un art. Elle est passionnée par l'acier de Damas, les nouvelles formes, les dessins et les couleurs. D'autant qu'il n'y a pas de limites à l'imagination.
Ekaterina Proniakina
Inspectrice d'État des bateaux de plaisance
au ministère russe des Situations d'urgence à Moscou
Que faire pour qu'une jeune avocate, parmi les nombreuses possibilités qui lui sont offertes, choisisse le métier d'inspectrice de bateaux de plaisance? Pour commencer: dites-lui que ce n'est absolument pas un métier de femme et que ce sera très dur. Et l'ambition, couplée à l'intérêt pour le métier, fera des miracles. Du moins, cela a marché pour Ekaterina Proniakina.
Ekaterina Proniakina, inspectrice d'État des bateaux de plaisance
© Sputnik / Ilya Pitalev
«Après l'université du ministère de l'Intérieur je devais choisir mon métier», se souvient Ekaterina.

Le diplôme de juriste lui ouvrait une multitude de spécialités. Et c'est à ce moment que ses connaissances lui ont parlé du travail d'inspecteur des bateaux de plaisance. «Par curiosité j'ai voulu m'essayer à ce métier», raconte-t-elle.

« Les tentatives de me dissuader n'ont fait qu'attiser l'envie de prouver que je pouvais faire face à toutes les difficultés, même patrouiller avec des hommes. »
Ekaterina Proniakina, inspectrice d'État des bateaux de plaisance
© Sputnik / Ilya Pitalev
Bien sûr, elle n'a pas été immédiatement envoyée en patrouille. Pendant les deux premières années, Ekaterina s'est imprégnée du métier en étudiant la base juridique, en gérant la documentation et en recevant des citoyens dans son bureau.

Finalement, la direction a accepté de laisser la jeune collaboratrice partir en mer.

« Certains pensaient que personne ne prendrait au sérieux une inspectrice mais j'ai prouvé le contraire, souligne-t-elle. Bien sûr, je me suis habituée à la réaction de surprise en me voyant en uniforme de loin, mais cela n'affecte pas du tout l'accomplissement de mes tâches. »
Ekaterina Proniakina, inspectrice d'État des bateaux de plaisance
© Sputnik / Ilya Pitalev
Certes, je suis toujours bienveillante et je souris à tout le monde. Mais la sociabilité est propre à tous les agents de l'inspection.

L'inspecteur gère de nombreuses affaires: contrôler l'usage des bateaux de plaisance, appliquer les normes de sécurité, patrouiller sur les plages et les ferrys, surveiller les plages mais aussi enregistrer et fouiller les navires, délivrer des permis de navigation ou encore autoriser l'exploitation des quais et des plages.

Ekaterina acomplit son travail tout aussi bien - si ce n'est mieux - que ses collègues hommes: en 2016, elle a fini deuxième au concours départemental de Moscou.
Daniella Djeylani
Joueuse de football américain
Daniella Djeylani, joueuse de football américain
© Sputnik / Vladimir Astapkovitch
Daniella Djeylani, 22 ans, a commencé à jouer au football en juin 2016 mais a déjà réalisé de sérieux progrès. La jeune femme est running back (demi offensif) au sein de l'équipe de Moscou Sireny, qui fait partie de l'équipe de Russie de football américain. Elle n'a pas l'intention de s'endormir sur ses lauriers et souhaite s'améliorer en tant que sportive pour remporter de nouvelles victoires.

« Je suis passionnée par le sport depuis l'enfance: je jouais au football et au basketball », déclare Daniella.

« De plus, je pratique l'athlétisme (je suis candidat maître des sports), le snowboard et le wakeboard. Quant à ma profession dans le civil, j'ai un diplôme de spécialiste en finances et je travaille en tant que coach dans une banque », ajoute-t-elle. Elle raconte avoir été attirée par football américain pour les émotions et l'entrain.


« C'est un sport d'équipe qui convient pour tous (grands et petits, rapides et lents), et chacun apporte sa contribution à la cause générale », remarque-t-elle.
Et de conclure: « Le football soude, nous unit, forme une véritable équipe où tout le monde travaille pour la cause générale ».
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